La vision musulmane de la trinité
Les discussions avec les musulmans s’avèrent souvent difficiles, ceux-ci ne reconnaissant que la valeur du Coran. Aussi est-il intéressant de partir du Coran pour en montrer les contradictions. Application à la question de la Trinité.
Une lecture rapide et superficielle du Coran amène facilement un chrétien à en conclure que l’islam condamne la Sainte Trinité, mais il n’en est rien. Alors que condamne vraiment le Coran ? Est-ce vraiment la Trinité, Tri-Unité que les chrétiens reconnaissent, un seul Dieu en trois personnes, Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit ? De plus, dans la foi musulmane, un personnage est sans cesse associé à Allah, Mohammed. Pourquoi les musulmans condamnent-ils l’association alors qu’ils la pratiquent ? Voici quelques éléments de réflexion pour un dialogue en vérité, ainsi que des questions à faire se poser aux musulmans.
Qu’est-ce que l’association ?
L’association est le plus grand crime pour le musulman, c’est même d’après la sunna un des péchés irrémissibles. « Allah ne pardonne pas qu’on lui associe [d’autres dieux] » (sourate 4, verset 48). L’associationnisme consiste à associer à Allah une autre entité, une autre personne, une autre chose. Dans le Coran, les chrétiens sont considérés comme des associateurs. La doctrine du tawhid (l’unicité d’Allah) est la première partie de la chahâdah : Lâ ilâha illa Allah (il n’y a point de divinité en dehors d’Allah).
Interrogeons le Coran
Dans l’islam, il y a deux rejets majeurs de la Trinité. Le Coran condamne deux formes d’associations : l’affirmation « Trois » et la filiation divine du Christ.
1. La Trinité selon le Coran. L’islam affirme que les chrétiens, par rapport à Dieu, disent Trois (Thalâtha). Voici ce qu’en dit le Coran à la sourate 4 An-Nisâ’ (sourate « les femmes ») au verset 171 : « Ne dites pas « Trois ». Cessez ! Ce sera meilleur pour vous. Allah n’est qu’un Dieu unique. Il est trop glorieux pour avoir un enfant… ». Mais qu’entend vraiment le coran par trois ? Dieu serait le troisième d’une triade ? (1) Nous en avons l’explication par le Coran lui-même, notamment à la sourate 5 Al-Mâ-Idah (la table servie) au verset 116 : « (Rappelle) le moment où Allah dira : « O ‘Isâ, fils de Maryam, est-ce toi qui as dit aux gens : Prenez-moi, ainsi que ma mère, pour deux divinités en dehors d’Allah » ? ». On trouve également un peu plus haut dans la sourate au verset 73 : « sont également mécréants ceux qui disent : « Allah est la troisième personne de la Trinité » alors qu’il n’y a qu’un seul Dieu ». Les chrétiens sont donc accusés d’associer à l’unique divinité de pseudo-divinités que seraient ‘Isâ et Maryam (2) ! Nous sommes très loin de la Trinité chrétienne telle que nous l’a révélée le Christ.
2. Jésus, Fils de Dieu. L’autre rejet de la Trinité chez les musulmans est l’affirmation maintes fois répétée « Dieu n’engendre pas et n’a pas été engendré (sourate 112, 3). Mais la conception de cet engendrement chez les musulmans est une conception purement charnelle et physique de Dieu avec Maryam. Encore une fois, jamais les chrétiens n’ont soutenu cette doctrine que l’islam nous attribue.
Que disent les chrétiens ?
Le Catéchisme de l’Eglise Catholique nous éclaire sur la conception chrétienne de la Sainte Trinité. La Trinité est Une. Nous ne confessons pas trois dieux, mais un seul Dieu en trois personnes : « la Trinité consubstantielle » (Cc. Constantinople II en 553). Les personnes divines ne se partagent pas l’unique divinité mais chacune d’elles est Dieu tout entier : « Le Père est cela même qu’est le Fils, le Fils cela même qu’est le Père, le Père et le Fils cela même qu’est le Saint-Esprit, c’est-à-dire un seul Dieu par nature » (Cc. Tolède XI en 675 30). « Chacune des trois personnes est cette réalité, c’est-à-dire la substance, l’essence ou la nature divine » (Cc. Latran IV en 1215). Les personnes divines sont réellement distinctes entre elles. « Dieu est unique mais non pas solitaire » (Fides Damasi). « Père », « Fils », « Esprit Saint » ne sont pas simplement des noms désignant des modalités de l’être divin, car ils sont réellement distincts entre eux : « Celui qui est le Fils n’est pas le Père, et celui qui est le Père n’est pas le Fils, ni le Saint-Esprit n’est celui qui est le Père ou le Fils » (Cc. Tolède XI en 675). Ils sont distincts entre eux par leurs relations d’origine : « C’est le Père qui engendre, le Fils qui est engendré, le Saint-Esprit qui procède » (Cc. Latran IV en 1215). L’Unité divine est Trine. (3)
Une incompréhension ?
La Trinité, telle que l’islam la dénonce avec tant de force, n’est pas celle composée du Père, du Fils et du Saint-Esprit, mais de Allah, ‘Isa et de Maryam (5.116). Il y a bien une incompréhension, l’islam attribuant aux chrétiens une doctrine en laquelle les chrétiens ne croient absolument pas ! Les chrétiens ne sont pas « associationnistes » puisqu’ils n’associent rien au seul vrai Dieu en disant qu’Il est Trinité. Les chrétiens affirment au contraire à la suite des prophètes de l’Ancien Testament que Dieu est un et proclament son unicité. La Sainte Trinité est composée du Père, du Fils et du Saint-Esprit, un seul Dieu en trois Personnes distinctes, qui sont chacune Dieu et qui ne constituent pas ensemble trois dieux mais un seul et même Dieu. Dieu est Un, certes (Jn 10.30), mais cette unité n’est pas celle d’une monade solitaire, elle est celle de l’Amour, c’est-à-dire d’une communion si parfaite que chacune des Personnes divines la composant est, avec les autres, le même Être, la même et unique nature divine, sans cesser d’être Elle-même unique et distincte.
Mohammed aurait-il été mal informé de la doctrine chrétienne ? Pourquoi une telle confusion dans le Coran pourtant livre saint selon les musulmans, parole d’Allah, sans trace d’erreur, qui attribue à tort une croyance aux chrétiens qu’eux-mêmes n’ont jamais proclamé ? Ce point est déjà un argument fort à avancer aux musulmans. Le livre parfait se trompe en présentant la foi des chrétiens. N’est-ce pas là une remise en cause du dogme sacro-saint de l’infaillibilité absolue du Coran ?
Où se trouve l’association dans le Coran ?
1. La Chahâdah.
Les musulmans s’en défendront mais on peut trouver au long des pages une association entre Mahommed et Allah et ce jusque dans la profession de foi musulmane. Par exemple, le témoignage de foi, ach-Chahâdah, première obligation du musulman, résumé du premier pilier de la foi musulmane : « il n’y a point de divinité en dehors d’Allah et Mohammed est l’Envoyé d’Allah » (Lâ ilâha illa Allah, Mohammed rasûlu Allah). Mohammed est donc associé à l’action divine mais qui est-il ? Est-il un « super-homme » ?
2. « L’Envoyé ».
Il est donc étrange que dans la foi musulmane, on trouve associé au nom d’Allah sans cesse le personnage de Mohammed. Il peut être concevable qu’un messager puisse être aussi important que le message qu’il porte car il en connaît le sens ; mais ici, le messager est associé à l’émetteur du message, Allah lui-même ! Plusieurs questions se posent donc. Car Mohammed affirme qu’il est humain « je ne suis qu’un mortel semblable à vous (sourate 18 : 110), il savait qu’il allait mourir comme un autre humain « te voilà mort (Mohammed) et eux aussi sont morts (sourate 39 :30) et il est un esclave d’Allah (sourate 2 :23). L’esclave peut-il être associé si fortement au maître ?
Conclusion
L’homme qui devient musulman par la récitation de la Chahâdah confie donc toute son existence à un envoyé que le Coran, les Hadith et la Sirat qualifient d’humain, mortel, esclave d’Allah, pécheur, conquérant, chef de guerre… Le chrétien, lui, confie son existence et son salut à Jésus-Christ, Fils de Dieu et Sauveur, mort sur une croix et ressuscité pour ses péchés, vrai homme et vrai Dieu et prince de la paix
(1) Cf. Coran 5, 73
(2) (5.75, 116 ; 6.100-102 ; 9 31)
(3) Cf. Catéchisme de l’Eglise Catholique §253 & 254
(4) Biographie officielle de Mahommed
Pour aller plus loin
L’abrégé de la profession de foi des pieux prédécesseurs, Abdallah âl Ismaël
Le Coran (trad. Arabie Saoudite)
Interroger l’Islam, abbé Guy Pagès
Jésus et Mahomet, Mark A. Gabriel
L’Eglise au défi des religions, fr. Basile Valuet, osb
Hadiths, Sahi al-Boukhâri