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La miséricorde dans l’islam

« Au nom d’Allah le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux ». Le Coran s’ouvre par ces mots, ainsi que 113 des 114 sourates qui le composent. Une sourate entière, la 55, porte le nom de ar-Rahmân, « le Tout Miséricordieux ». En outre, la Fâtiha (la première sourate) est récitée par les musulmans à chacune de leurs cinq prières quotidiennes. Enfin, la liste des 99 « beaux noms de Dieu » de la tradition islamique, commence par : Dieu (Allâh), le Bienfaiteur (ar-Rahîm), le Miséricordieux (ar-Rahmân). La notion de miséricorde est donc très présente dans l’islam. Que signifie-t-elle au juste ?

La miséricorde d’Allâh

Les termes d’ar-Rahîm et ar-Rahmân ont une racine sémitique commune, r.h.m (on se souvient qu’en hébreu, les rahamim sont les entrailles maternelles comme sources de la miséricorde)[1]Rahma désigne, selon l’Encyclopédie de l’Islam[2], les bienfaits divins envoyés « en alternance avec les maux [que Dieu] inflige. » Ces bienfaits de Dieu, au sens de providence, peuvent désigner ce qui a trait à la religion (les houris du paradis, cf. LV, 56 ; l’enfer, cf. LV, 43), les Livres sacrés et les prophètes (Tawrat sur Moussa[3], cf. VI, 154 ; Issa[4], cf. XIX, 21 ; le Coran et Mahomet, cf. XXVII, 77 et XXI, 107), ou des phénomènes naturels (comme le ciel, la terre, la pluie, etc. Cf. LV) : Si vous comptiez les bienfaits de Dieu, vous ne sauriez les dénombrer. Dieu est celui qui pardonne, il est miséricordieux. (XVI,18)

Seul Allâh est considéré comme ar-Rahmân ; il est le Tout-Miséricordieux par excellence et nul autre ne peut revendiquer une telle appellation : Dieu […] est le plus miséricordieux de ceux qui font miséricorde (cf. XII, 64). Un hadith fréquemment cité par les musulmans rapporte : Ma Miséricorde l’emporte sur Ma Colère.

Allâh se montre aussi miséricordieux dans ses actes ; il est aussi ar-Rahîm, le Très-Miséricordieux. Cependant, sa miséricorde s’étend exclusivement sur les fidèles musulmans : Avec les fidèles, il est très miséricordieux (XXXIII, 43). Cet attribut n’est pas réservé à Allâh ; il peut s’appliquer aux hommes, en premier lieu à Mahomet, dont il est dit : Il vous est certes venu un messager choisi parmi vous, auquel pèsent lourd les difficultés que vous subissez, qui est plein de sollicitude envers vous, plein de compassion et de miséricorde envers les croyants. (IX, 128). La miséricorde est comprise ici comme la compassion envers les souffrances d’autrui. Les compagnons de Mahomet doivent aussi exercer la miséricorde envers leurs coreligionnaires : Ceux qui sont avec [Mohammed] sont durs envers les mécréants, miséricordieux entre eux. (XLVIII,29).

La miséricorde et le pardon

On l’a vu, à proprement parler, la miséricorde en islam désigne davantage la compassion ou la bienveillance (d’Allah ou des croyants) que le pardon des fautes. Interpréter ces versets coraniques avec la compréhension chrétienne du terme « miséricorde » serait faire un profond contresens. L’Encyclopédie de l’islam ne craint pas d’affirmer que l’idée de pardon « est totalement absente des emplois coraniques de rahma »[5], même si le Coran associe parfois ces notions : Ton Seigneur est celui qui pardonne : Il est le maître de la miséricorde (XVIII, 58).

D’ailleurs, l’islam est aussi très loin de l’idée chrétienne d’un pardon illimité s’étendant à toutes les fautes et à tous les hommes ! Il suffit de comparer la parabole du débiteur impitoyable auquel le maître remet 10 000 talents[6], ou la réponse de Jésus à Pierre « Je ne te dis pas [de pardonner] jusqu’à sept fois, mais jusqu’à soixante-dix fois sept fois » (cf. Mt 18,21-22) avec ce verset coranique : Certes, Allah ne pardonne pas qu’on Lui donne des associés. A part cela, Il pardonne à qui Il veut. (IV, 116). Non seulement, Dieu ne pardonne qu’aux musulmans, auxquels il réserve son paradis, mais ce pardon s’étend arbitrairement sur « qui il veut » et l’associationnisme[7] – comme l’apostasie, cf. III, 90 – est impardonnable. A cinq reprises, le Coran affirmera : « Dieu pardonne à qui Il veut ; Il châtie qui Il veut » (II, 284 ; III, 129 ; V,18 ; V,40 ; XLVIII, 14) ; Allâh est parfois lui-même l’auteur du mal : Si Allâh l’avait voulu, il aurait guidé tout le monde, mais Allâh a voulu qu’il y ait des humains […] en enfer. (XXXII,13). D’ailleurs, les musulmans que nous rencontrons dans la rue témoignent souvent de leur angoisse face à l’incertitude du pardon divin.

Conclusion

Il ne me semble donc pas juste de considérer, comme le fait l’abbé Guy Pagès[8], que la miséricorde est absente de l’islam. En revanche, la miséricorde chrétienne en est totalement absente : ce Dieu qui se penche vers la misère des hommes pour leur pardonner leurs fautes, encore et toujours, ce Dieu fait chair qui enseigne de pardonner à tous les hommes à la mesure du pardon divin reçu, ce Dieu qui nous divinise par sa grâce pour nous emporter avec lui dans sa gloire, ce Dieu est absent du Coran. Il est d’autant plus urgent de L’annoncer aux musulmans !

Abbé Hugues de Franclieu

Bibliographie

Guy Pagès, « la miséricorde dans l’islam », Sedes Sapientiæ 137,
Marie-Thérèse et Dominique Urvoy, La mésentente, art. « Pardon ».
Annie Laurent, L’Islam pour tous ceux qui veulent en parler (mais ne le connaissent pas encore), p. 200-214.
Wikipédia, art. « Miséricorde (islam) »
Sites musulmans : Baladislam.over-blog.com ; Oumma.com ; sajidine.com…

 

[1] voir Jean-Paul II, encyclique Dives in Misericordia
[2] Gimaret, D., “Raḥma”, dans Encyclopédie de l’Islam. Cité par Wikipédia, art. « Miséricorde (islam) ».
[3] Torah sur Moïse. J’écris les noms désignés par le Coran pour éviter les confusions : la Tawrat musulmane n’est pas exactement ce que Juifs et chrétiens appellent la Torah.
[4] Jésus
[5] Cité par Annie Laurent, L’islam pour ceux qui veulent en parler (mais ne le connaissent pas encore), p. 206.
[6] 300 millions d’euros tout de même…
[7] Péché qui consiste à « associer » à la divinité un élément humain. Ceux qui croient en l’Incarnation sont les associateurs par excellence.
[8] Par exemple, dans « La miséricorde dans l’islam », Sedes Sapientiæ 137, p. 62-66 ; article intéressant par ailleurs.

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