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L’Eglise est-elle vraiment sainte ?

Dans son récent discours à Assise, le pape Benoît XVI a développé de manière magistrale le thème de la violence et de la religion. Souhaitant de toute évidence amener une réflexion sur la place de la violence dans la religion musulmane, le pape a pourtant reconnu que des membres de l’Eglise ont pu, à travers les âges, l’utiliser eux aussi : « Comme chrétien, je voudrais dire à ce sujet : oui, dans l’histoire on a aussi eu recours à la violence au nom de la foi chrétienne. Nous le reconnaissons, pleins de honte. Mais il est absolument clair que ceci a été une utilisation abusive de la foi chrétienne, en évidente opposition avec sa vraie nature » (1). Il s’agissait là d’un écho de la cérémonie de repentance du 12 mars 2000, dans laquelle l’Eglise, en la personne du pape Jean-Paul, avait reconnu le péché de ses membres au cours de l’histoire.

Incontestablement, Benoît XVI prolonge l’intuition de son prédécesseur en reconnaissant humblement que des membres de l’Eglise ont été et sont pécheurs, certainement poussé en cela par les scandales des prêtres pédophiles. Mais n’est-ce pas nier un des articles du Credo qui affirme la sainteté de l’Eglise ?

Pour le comprendre, il faut remarquer que les démarches de repentances faites aussi bien par Jean-Paul II que Benoît XVI ne parlent jamais de péché de l’Eglise, mais de celui de ses membres. C’est ce que Paul VI affirmait quand il disait que « l’Église est sainte tout en comprenant en son sein des pécheurs » (2). Elle est sainte car elle est rendue telle par le Christ, comme saint Paul l’affirme clairement : « Le Christ a aimé l’Eglise : il s’est livré pour elle, afin de la sanctifier en la purifiant par le bain d’eau qu’une parole accompagne ; car il voulait se la présenter à lui-même toute resplendissante, sans tache ni ride ni rien de tel, mais sainte et immaculée ». (Ep 5, 25-26). L’Eglise est sainte parce qu’elle unie au Christ, le seul saint. La sainteté de l’Eglise ne vient pas d’elle, mais du Christ. Pour appréhender cette réalité, il faut donc un regard de foi, qui dépasse celui du journaliste ou du sociologue. L’Eglise est « aux yeux de la foi indéfectiblement sainte », rappelle le concile Vatican II (3).

Aussi vraie que soit cette réponse, et c’est un dogme de foi, elle est cependant incomplète pour rendre compte du mystère de la sainteté de l’Eglise. Car il semble trop facile de rejeter le péché sur les membres de l’Eglise pour maintenir celle-ci immaculée. Comme le rappelait le Bx Jean-Paul II, l’Eglise « reconnait comme siens, devant Dieu et devant les hommes, ses enfants pécheurs » (4). Un chrétien qui pèche trahit le message de l’Evangile, ne vit pas conformément à ce que l’Eglise lui demande de vivre, mais il reste cependant membre de l’Eglise. L’Eglise le considère toujours comme son enfant, et est donc concernée par son péché. Comme le disait magnifiquement le cardinal Journet, « l’Eglise comme personne prend donc comme personne la responsabilité de la pénitence, elle ne prend pas la responsabilité du péché » (5). Pour l’Eglise, reconnaitre le péché de ses membres n’est pas reconnaitre son propre péché, mais celui de personnes qui se sont éloignées de son enseignement et des moyens de sainteté qu’elle propose. Mais c’est aussi reconnaitre qu’il faut faire pénitence pour ces membres. Et cette pénitence concerne toute l’Eglise. Chacun peut contribuer à la purification de l’Eglise par ses propres sacrifices. Si l’Eglise a pu surmonter des crises où son visage était terni par les scandales de ses membres, et en premier de lieu de sa hiérarchie, c’est par un élan de conversion de tous les membres. C’est en ce sens que l’on peut comprendre les propos de Benoît XVI aux fidèles d’Irlande : « Je prie pour que, assistée par l’intercession de ses nombreux saints et purifiée par la pénitence, l’Eglise en Irlande surmonte la crise présente et redevienne un témoin convaincu de la vérité et de la bonté de Dieu tout-puissant, manifestée dans son Fils Jésus-Christ ». (6)

L’Eglise est donc une pénitente qui n’a pourtant pas commis de péchés, ressemblant en cela au Christ lui-même, qui a porté le péché du monde alors qu’Il était le Saint par excellence. « Si elle ressemble à la pécheresse de l’Evangile, dit encore le cardinal Journet, ce n’est qu’au moment précis où celle-ci répand son parfum sur les pieds de Jésus. Ce sont ses membres eux-mêmes, laïques, clercs, prêtres, évêques ou papes qui, en lui désobéissant, prennent la responsabilité du péché ; ce n’est pas l’Eglise comme personne » (7).

Mais pour ne pas concevoir l’Eglise comme une réalité qui existerait indépendamment de ses membres, comme une sorte d’idée platonicienne désincarnée, sainte mais détachée de ses membres, il reste à voir où se situe le point de rupture entre la sainteté de l’Eglise et le péché de ses membres. La réponse que donne le Catéchisme de l’Eglise Catholique est que la séparation entre le péché et la sainteté se situe au plus intime du cœur de l’homme : « En tous, l’ivraie du péché se trouve encore mêlée au bon grain de l’Evangile jusqu’à la fin des temps » (8). Et dans une formule limpide, le cardinal Journet résume cela en disant que « la frontière de l’Église passe à traves nos propres cœurs » (9). Tout ce qui relève de sainteté en chacun de nous appartient à l’Eglise, mais ce qui n’est pas encore purifié, ce qui appartient encore au vieil homme est laissé en dehors des frontières de l’Eglise. Voilà pourquoi le concile Vatican II affirme que « sur terre, l’Eglise est parée d’une sainteté véritable, bien qu’imparfaite » (10). Elle est véritable car aucun péché n’est inclus dans l’Eglise. Mais elle est imparfaite car elle peut toujours grandir en intensité, quand chacun de des membres de l’Eglise laisse plus de place à l’action de l’Esprit Saint et à la charité dans son âme. Elle ne sera parfaite qu’au jour de la Parousie. Sur terre, qu’un membre grandisse en sainteté, et toute l’Eglise en bénéficie, sa sainteté devenant plus parfaite. Mais qu’un membre pèche, et toute l’Eglise en est affectée, sa sainteté devenant moins parfaite tout en restant véritable.

Toute âme qui s’élève élève le monde, dit-on. On trouve dans le mystère de la sainteté de l’Eglise le fondement de cette belle affirmation.

C’est pourquoi le péché et la sainteté ne sont jamais qu’une question individuelle. Si le péché affecte toute l’Eglise, la sainteté de chacun peut aussi la faire rayonner. Face aux scandales qui enlaidissent le visage de l’Eglise, le chrétien peut et doit ressentir un sentiment d’indignation. Mais il doit aussi mystérieusement se sentir impliqué dans la réparation de ces fautes, car tous les chrétiens sont membres les uns des autres. La réponse que chaque chrétien est appelé à avoir face à ce qui atteint l’Eglise de l’intérieur est la conversion personnelle, l’esprit de sacrifice et de réparation. L’histoire de l’Eglise montre que les crises ont toujours été surmontées par des élans de sainteté jaillis du cœur de l’Eglise. La crise que nous traversons ne dérogera pas à cette règle car elle pousse l’Eglise à l’humilité, vertu qui porte toujours des fruits de renouveau.

Abbé Jean-Raphaël Dubrule

(1) Discours d’Assise, 27 octobre 2011 – (2) Credo du Peuple de Dieu, n. 19 – (3) Lumen Gentium n. 39 – (4) Tertio Millenio Adveniente, n. 33 – (5) Théologie de l’Eglise, Desclée, 1957, p. 241 – (6) Lettre aux catholiques d’Irlande, 17 mars 2010 – (7) Théologie de l’Eglise, Desclée, 1957, p. 241 – (8) CEC 827 – (9) Revue Nova et Vetera, 1963, p. 302 – (10) Lumen Gentium 48

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